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Repulsion

Le Danger vient de l'intérieur.

 

A Londres, Carole, employée dans un salon de beauté vit avec sa soeur dans un petit appartement. Mais les visites d'un étranger au cocon familial l'incommodent fortement d'autant que son comportement étrange commence à mettre son entourage assez mal à l'aise.

 

Le film de Roman Polanski repose presque entièrement sur le personnage d'une jeune fille d'une vingtaine d'années incarnée par Catherine Deneuve, adoptant presque entièrement sa perception. Carole est en effet en proie à une peur panique du changement, en demande constante de repères stables. Le fait que le compagnon de sa soeur mette ses propres affaires dans son gobelet de salle de bain l'insupporte au plus haut point. Les hommes sont d'ailleurs pour elle des menaces potentielles à éviter, rompant ainsi toute interraction possible avec le monde qui l'entoure.

 

Le repli sur soi est clairement mis en évidence par une caméra intrusive, se glissant derrière le personnage principal pour en suivre inlassablement les déplacements. On ne compte plus les plans ou l'on suit Carole dans les rues de Londres en étant collé à sa chevelure platine, comme si une force obscure menaçait sa propre existence. Son regard nous apparaît, quant à lui, dés le générique, l'oeil exhorbité scrutant partout autour de lui à l'affût d'un éventuel danger. Le doux visage de l'actrice française devient ainsi le miroir de la terreur, reflètant une peur de tous les instants qui s'exprime de manière d'autant plus dérangeante qu'elle reste uniquement liée à sa propre perception des choses.

 

 

En filmant quasiment entièrement à la première personne, aidé d'un noir et blanc granuleux et contrasté, Roman Polanski instaure une atmosphère étrange, faite de craquements et d'apparitions fugaces. L'appartement dans lequel se retrouve principalement circonscrite l'action devient une prison nauséabonde où chaque objet du quotidien se met à véhiculer un sentiment de malaise profond, comme ce lapin sorti du frigo qui pourri sur une pile de journal. Sans compter les fissures sur les murs, qui par une utilisation adroite du son deviennent des vecteurs d'angoisse.

 

Il est d'ailleurs à noter l'ingénieuse adjonction d'une musique essentiellement produite par des percussions qui rappelle sensiblement les manifestations de la nervosité et plus généralement donnent une image sonore du sentiment d'oppression de l'heroine. 

 

En ce sens, le film ouvre la voie à un fantastique qui n'est plus lié à une intrusion extérieure, mais au seul regard de son héroine qui capte le monde par le filtre de son esprit malade. Le danger se fait invisible et dérange par son caractère inexplicable, simplement tangible grâce à la mise en scène et à la réalisation intimiste de Polanski. Le spectateur est bousculé dans ses idées reçues, jusque dans la considération de la beauté juvenile de Catherine Deneuve, dont le sex appeal fond immanquablement sous la froideur de ses expressions et de ses gestes incohérents. Tout simplement terrifiant.  

 

 

Réalisateur : Roman Polanski

Pays :  Grande Bretagne

Année : 1965

Durée : 1h41

Avertissement : -12 ans

Distribution : Catherine Deneuve, Ian Hendry, John Fraser, Yvonne Furneaux



10/08/2013
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