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Les Croix de Bois

A la mémoire des combattants

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Les Croix de bois de Raymond Bernard est une adaptation du livre éponyme de Roland Dorgelès qui y raconte son expérience de poilu pendant la Première Guerre mondiale. Le film s’inscrit dans la veine réaliste des photographies et des films documentaires réalisées pendant et après les conflits  pour rendre hommage aux combattants et en perpétuer la mémoire.

 

Réalisé une dizaine d’année après les évènements, alors que le traumatisme du conflit commence doucement à s’estomper, le film décrit avec précision les combats sur les champs de bataille sans occulter les nombreuses pertes humaines. Les scènes de combat sont impressionnantes de réalisme, filmées le plus souvent sur les lieux même des conflits, des zones militaires ayant été ouvertes pour le tournage. L’équipe du film avait même engagé des démineurs, qui, chaque jours, déterraient de nouveaux obus.

 

Mais la poésie des images n’est pas non plus exclue puisque l’œuvre dépeint magnifiquement, avec des techniques proprement cinématographiques, une ambiance funèbre de fin du monde. La scène la plus frappante étant celle du début, dans laquelle des dizaines de soldats rangés au garde à vous se substituent progressivement en fondu-enchainé à des croix blanches. La surimpression est également utilisée à différents moments du film pour sa dimension symbolique, en superposant des soldats quasi transparents à une colline qu’ils gravissent comme des spectres marchant vers leur dernière demeure. 

 

 

 

Pour parfaire la recherche d’authenticité,  la plupart des acteurs embauchés pour jouer les poilus sont eux-mêmes d’anciens soldats qui revivent une partie de leur propre expérience de guerre. A ce titre, on retiendra la participation de  Charles Vanel en capitaine bourru qui offre, tout comme ses autres partenaires de jeu, une prestation pleine d’humanité. La camaraderie entre poilus, la peur, réactivée à tout instant, semblent d’ailleurs ne pas être jouées tant elles apparaissent communicatives. Il n’y a qu’à voir cette scène où un groupe d’hommes positionnés dans un bastion et pétrifiés par l’angoisse entendent le bruit des pioches des soldats allemands creusant une galerie sous leurs pieds pour y placer une bombe. 

 

La précision documentaire de la mise en scène, avec ses percées de troupes sous les explosions, ses ruines de villages encore fumantes qui servent de cachette précaire à certains groupes isolés ; couplée au lyrisme de certains plans comme ces hallucinations de soldat au bord du trépas, ne fait qu’ajouter à l’impression de se trouver sur le champ de bataille et de vivre ce que ressentent les personnages. C’est tout juste s’il est possible de  sentir les émanations de poudre et de sang qui surgissent des terres éventrées.

 

Fort d’une réalisation solide et d’une interprétation convaincante, le film demeure encore aujourd’hui le témoignage d’une époque, avec le retentissement que l’on suppose auprès du public de l’Entre deux guerre. Une très belle œuvre sur le premier conflit mondial dont la scène de clôture, d’une poésie et d’une tristesse sans nom restera, à coup sûr, longtemps dans les mémoires.

 

 

Réalisateur : Raymond Bernard

Pays : France

Année : 1931

Durée : 1h46

Avertissement : Tous publics

Distribution : Pierre Blanchar, Charles Vanel, Gabriel Gabrio



12/08/2013
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