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Musée Magritte Bruxelles

 

Avant de parler en détail du musée, revenons d'abord aux fondamentaux pour comprendre un peu mieux ce sur quoi repose la pratique de René Magritte. L'artiste a fait parti dès ses débuts du Surréalisme qui se défini comme un mouvement esthétique et moral basé sur la volonté de concilier le rêve et la réalité en une sorte de réalité absolue. André Breton, son créateur se réfère pour cela à la psychanalyse et au marxisme dans son application politique, comme l'indique son premier Manifeste du Surréalisme publié en 1924. Parmi les artistes les plus connus dont le célèbre Salvador Dali et René Magritte qui nous intéresse ici, beaucoup appartiennent à la tendance vériste, c'est à dire à celle qui repose sur la création d’œuvres oniriques dans lesquelles chaque détail est représenté avec un fort souci d'exactitude.

 

Magritte, a bien sûr rejoint le groupe surréaliste parisien de 1927 à 1930, mais a passé une grande partie de sa vie en Belgique et principalement à Bruxelles dans laquelle il a finit ses jours en 1967. Et ce n'est donc pas un hasard si nous retrouvons la plus grande collection au monde de l'artiste, (près de 200 œuvres) dans cette même ville. Œuvres qui proviennent principalement d'achats ainsi que des legs Irène Hamoir-Scutenaire (poétesse et romancière belge appartenant au surréalisme belge) et Georgette Magritte, sa femme.

 

Le musée, inauguré assez récemment le 20 mai 2009 dans un bâtiment de 2 500 m2 appartenant aux Musées royaux des beaux-arts de Belgiques,  contient bien sûr de très belles œuvres, parmi les plus célèbres de l'artiste belge, comme "Le Domaine d'Arnheim" qui nous montre un oiseau-montagne en train de veiller à distance sur son nid posé sur sur un mur de pierre, ou comme "L'Empire des lumières" dans lequel nous pouvons voir une rue près d'un canal plongé dans une obscurité nocturne, simplement éclairée par un lampadaire  alors que le ciel bleu et clair se pose en élément contradictoire.

 

René Magritte, Le Domaine d'Arnheim, 1962

 

Ce genre de paradoxe constitue sans doute l'aspect le plus marquant de l’œuvre du peintre belge. Les objets ou personnages sont souvent associés de manière étrange, voir même combinés ensemble pour offrir des métamorphoses improbables. Comme ces végétaux dont les feuilles se prolongent en hiboux dans "Les Compagnons de l’Étrange", et dont le pouvoir de fascination est accentué par sa composition assez simple : Un sol rocheux sur lequel poussent ces étranges plantes, la mer à l'horizon et un ciel légèrement nuageux. La plupart des tableaux de l'artiste présentent d'ailleurs une structure assez classique, souvent un agencement de quelques objets ou de personnages reposant sur les axes verticaux et  horizontaux clairement définis par le décors ou sur un principe plus simple de symétrie.

 

René Magritte, Les Compagnons de la Peur, 1954

 

Mais ce n'est pas le seul intérêt du musée puisque certains aspects plus méconnus du travail de Magritte sont abordés, comme ses travaux d'illustration publicitaire, d'une importance capitale dans son appréhension de la notion d'image et de sa répétition. , mais aussi de l'aspect commercial de sa production de fin de vie dans laquelle il fini par reproduire ses toiles à succès sans réelle innovation. L'exposition est accompagnée de documents d'archive, de photographies de l'artiste avec ses amis surréalistes et avec sa femme, très jolie au passage et de nombreuses citations inscrites en grand sur les murs. Toujours intéressant.

 

On peut dire que la qualité des œuvres et leur nombre important est à la hauteur du dispositif de sécurité impressionnant qui entoure le musée. L'accès se fait à partir du Musée Royal des Beaux arts, grâce à un passage vers le sous sol. A partir de là, il faut traverser un portique, avant d' accéder à un ascenseur actionné par un vigile. Une fois en haut, le visiteur parcourt plusieurs salles plongées dans l'obscurité. Les collections sont éclairées par quelques projecteurs qui rendent quelques fois la visibilité des tableaux difficile. Mais ces quelques réserves mis de côté, on  ne peut qu'être enthousiasmé par le contenu.

 

Les collections sont présentées en ordre chronologique sur trois étages que l'on descend successivement pour revenir à notre point de départ. La première salle située au dernier étage présente la période constructiviste de Magritte et ses contacts avec le groupe 7 Arts, suivie de sa découverte de Chirico et des premières œuvres (1898 - 1929).

 

René Magritte, L'Ecuyère, 1922

 

L'étage suivant s'attarde sur le retour de l'artiste à Bruxelles (1930 - 1950). On y trouve son travail d'illustrateur dans la publicité, des documents témoignant de son rapprochement avec le Parti communiste de Belgique. Les réinterprétations impressionnistes des sujets qui lui sont chers pendant la seconde guerre mondiale ainsi que les œuvres de sa controversée période vache qu'il expose à la libération.

 

Enfin, la dernière partie (1951 - 1967) du Musée s'intitule Le Domaine enchanté et est consacrée aux recherches de Magritte sur la répétition ainsi qu'aux grandes images magrittiennes focalisées autour de L'Empire des lumières et du Domaine d'Arnheim. qui sont les œuvres majeures de la collection. Et l'on termine la visite par le traditionnel passage à la boutique de souvenirs avec, il faut le noter, un grand choix de cartes postales et de magnets.

 

Voilà donc un musée à découvrir pour tous les visiteurs de la capitale européenne et un passage obligé pour les fans d'énigme, car l’Oeuvre de Magritte en recèle à profusion. A travers ses associations improbables d'objets et de personnages et son rendu réaliste, elle a su traverser les décennies sans jamais cesser de fasciner, ce qui n'est pas rien.



01/11/2013
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