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EXPOSITION ROY LICHTENSTEIN

Exposition Roy Lichtenstein, Centre Georges Pompidou,

du 3 juillet au 4 novembre 2013

 

Crying Girl, 1964, acier émaillé, 117 x 117 cm.

 

En ce moment se déroule au Centre Georges Pompidou, l'exposition des oeuvres d'un des plus célèbres artistes du Pop Art américain : Roy Lichtenstein. Et même si ce nom ne vous dit rien, vous avez déjà eut un petit aperçu de son travail en feuilletant un livre de vulgarisation artistique ou en regardant simplement la télévision grâce aux citations qui en sont faites dans le décor du plateau de jeu télévisé "Les Z'amour" présenté par TEX ou dans le générique de la série américaine "Desperate Housewives".

Vous l'aurez compris, je parle bien sûr de ces peintures de jeunes femmes blondes uniquement constituées de couleurs primaires avec la reproduction visible des trames d'impression en hachures ou en pointillés.

 

Mais l'intérêt de l'exposition est d'ouvrir sur un large panel d'oeuvres dont les exemples cités plus haut n'en constituent qu'une petite partie. Le peintre a également fait de la sculpture, a réalisé des travaux en plaque de fer émaillées et en plexiglas. Certaines autres oeuvres sont en céramiques ou faites grâce à des têtes de mannequin, tout cela réunis par le même projet de donner à voir le mécanisme de reproduction des images et d'en questionner ainsi les schémas d'élaboration et les stéréotypes.

 

Les figures féminines qui sont immédiatement associées à l'artiste sont en fait les reproductions en peintures de grandes dimensions, de petites cases de bande dessinée au style très codifié. La femme jeune, blonde, aux lèvres rouges pulpeuses répond en fait à un idéal féminin qui avait cours à l'époque. Les oeuvres sont spectaculaires dans l'affirmation d'une image de la féminité aux couleurs tranchées, mais totalement impersonnelles dans leur facture, exacerbant ainsi les expressions des personnages, tantôt tristes ou enjoués au détriment de leur individualité (tous les visages se ressemblent et possèdent la même gamme de couleurs) ce qui les ramene au final à leur condition initiale d'image stéréotypée de la société américaine.

 

 

Portable Radio, 1962, huile sur toile, aluminium et cuir, 43,8 x 50,8 cm.

 

Roy Lichtenstein fait la même chose lorsqu'il prend pour modèle des images d'objets dans des coupures de presse. L'artiste les simplifie dans leurs détails et dans leur forme pour parvenir à leur expression la plus efficace. Décontextualisés des publicités qui les font souvent apparaître de cette manière, ils deviennent des signes exacerbés de la consommation et de la médiatisation. Mieux, l'artiste joue de leur nature de simulacre en brouillant les pistes. par exemple, une radio rectangulaire qui occupe toute la surface d'une toile devient un objet portable grâce à une sangle fixée de chaque coté du chassis. Le même principe s'applique lorsque Lichtenstein réalise un miroir ovale à taille réelle qui occupe toute la surface du support et qui, au lieu de renvoyer le reflet du spectateur, ne propose d'autre image qu'une recréation artificielle des reflets provoqués par la lumière.

Et toujours ces pointillés colorés obtenus grâce à des pochoirs qui permettent de crée des tonalités intermédiaires par mélange optique (ex: des pointillés bleu associés à des pointillés rouges donnent du violet, des pointillés bleus sur fond blanc donnent du bleu clair).

 

 

Artist's Studio : The Dance, 1974, huile et magna sur toile, 244,3 x 325,5 cm.

 

La dernière partie de l'exposition, consacrée aux oeuvres des années 70 à 90 montre un aspect moins connu de l'artiste. Les grandes toiles qui y sont exposées, sont des représentations d'intérieurs rigoureusement composés qui citent allègrement Matisse, la sensualité de la touche en moins. La filiation demeurre pourtant évidente entre les deux artistes dans la mesure où l'on retrouve dans toute l'oeuvre de Lichtenstein, cette science de l'aplat coloré parfaitement structuré et ce goût immodéré pour la figure féminine. Il donne d'ailleurs une vision pour le moins désincarnée des baigneuses imaginées par le peintre français, devenant même de vulgaires marionnettes désarticulées lorsque Lichtenstein les représente maladroitement en train de jouer au ballon sur une plage.

 

 

Brushstrokes, 1965, huile et magna sur toile, 122,5 x 122,5 cm 

 

Enfin, il ne faut pas manquer de remarquer que l'oeuvre de l'artiste américain est aussi très ambivalente. Elle apparaît au premier abord comme relevant de la fixation et de l'immuabilité, qui s'oppose d'une certaine manière au courant de l'Action Painting (peinture d'action) de ses confrères américains que sont Jackson Pollock ou Willem de Kooning, tout en offrant une possibilité de dialogue. Les touches et traces de peintures de ces derniers sont parodiées dans plusieurs tableaux, réalisées avec de grands aplats de couleurs et des cernes noires qui semblent en apparence rentrer en contradiction avec les notions de hasard et d'aléatoire présents dans l'oeuvre de ses contemporains. Sauf que Lichtenstein use du hasard pour élaborer les formes de ses touches, les faisant même dialoguer avec des coups de pinceau bien réels sur certaines de ses toiles abstraites. Même les scènes d'action tirées de bandes-dessinée et repeintes sur des grands formats, qui semblent figées sous la gangue des aplats de couleurs lisse, mettent en exerguent la violence des chocs et la brutalité des combats en se révélant dans leur cadrage et leur composition, d'un dynamisme peu commun.

 

Montrant des images qui, par leur efficacité, restent gravées dans l'inconscient collectif, l'exposition Roy Lichtenstein offre un regard intéressant sur une oeuvre tendu vers l'universel et à bien des égards indispensable dans un pays où l'art américain contemporain demeure quasiment absent des expositions permanentes.



14/08/2013
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