L'Echelle de Jacob
Le Film qui a inspiré le jeu Silent Hill
Pendant le conflit vietnamien, un bataillon de soldats americains sous l'emprise de stupéfiants est mystérieusement décimé par un ennemi invisible. Cette évènement, introduit par le calme relatif d'un ronronnement d'hélicoptères qui traversent le ciel, constitue l'ouverture de "L'Echelle de Jacob". La violence y est crue, et d'autant plus difficile à supporter qu'elle jaillit brusquement, sans crier gare, tout en étant parfaitement filmée par une caméra qui sait se faire frénétique quand il le faut. Le ton est donné.
Dire que je ne m'attendais pas à une entrée en matière aussi percutante de la part d'Adrian Lyne est un euphémisme. Oubliée , la sucsess story un peu niaise qu'était "Flashdance" (seul autre film du réalisateur que je connaisse bien), place à l'horreur à l'état brute. Une horreur qui se prolonge jusque dans le retour au pays de l'un des survivants du massacre, répondant au nom de Jacob en référence au personnage biblique.
Car, même si le film délaisse les affres du combats en se concentrant ensuite sur les traumatismes qui empêchent le héros de s'épanouir dans la vie d'un américain moyen, c'est pour finalement les traiter dans la veine du cinéma de genre horrifique. Jacob garde des sequels psychologiques et physiques de la guerre, mais aussi de la mort accidentelle de son fils dont il reste inconsolable au grand dam de sa nouvelle compagne, ce qui lui fait faire régulièrement des cauchemars. Pire encore, ces cauchemars finissent par empoisonner la vie du héros, qui n'arrive plus a distinguer ce qui est réel de ce qui ne l'est pas.
Ce glissement au bord de la folie est parfaitement rendu par un scénario qui s'amuse à brouiller les frontières entre cauchemar et réalité, le film alternant de long moments de calme pendant lesquels couve toujours un certain malaise, la peur de l'oubli, la recherche de la vérité ; avec des moments d'horreur pure et viscérale qui touchent jusqu'à la santé même du personnage.
Adrian Lyne met ici tout son savoir-faire pour faire naître l'angoisse. Sa maîtrise du montage s'exerce particulièrement bien dans la transition d'une réalité à l'autre , comme par exemple lorsqu'il s'agit de montrer le cheminement de Jacob allongé sur un brancard, d'une salle d'examen d'hopital vers une salle de torture aux portes de l'enfer en nous faisant croire qu'il s'agit d'un même lieu. De même, sa mise en scène virtuose retranscrit parfaitement l'étrangeté de certains détails qui pourraient n'être qu'anodins... ne serait-ce qu'une simple tache sur une photo...
Le réalisateur anglais s'est d'ailleurs inspiré des peintures de Francis Bacon pour donner corps à ces visions horrifiques, l'exemple le plus frappant étant cet infirmier aveugle qui vient planter une seringue au milieu du front de Jacob. Le film y gagne en intérêt d'un point de vue plastique, d'autant qu'Adrian Lyne est un esthète de l'image. Il n'y'a qu'à voir les subtils changements de lumière hautement symboliques à la fin du film qui finissent par nous amener progressivement et assez subtilement à une révélation finale émouvante.
Et si l'on ajoute à cela la partition musicale épurée de Maurice Jarre et l'excellente prestation de Tim Robbins au jeu très expressif, nous obtenons un film tout simplement "culte", dont l'influence est encore aujourd'hui visible dans la saga vidéoludique Silent Hill (A découvrir également).
Réalisateur : Adrian Lyne
Pays : USA
Année : 1990
Durée : 1h52
Avertissement : -12 ans
Distribution : Tim Robbins, Elizabeth Pena, Danny Aiello, Matt Craven
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